NOUS NE DEVONS PAS OUBLIER!

Past remembrance Dr. Pamela ChrabiehNOUS NE DEVONS PAS OUBLIER!
Le génocide arménien…
Le génocide libanais…
Le génocide syrien…
Le génocide palestinien…
Le génocide irakien…
Le génocide kurde…
La liste est longue. Que de massacres au nom d’une religion, confession, terre, hiérarchie ethnique et raciale, intérêts politiques et économiques locaux et régionaux, ressources naturelles, etc…
Faut-il oublier ou ne pas oublier ? Chaque semestre, mes étudiants-es me posent cette question, et à chaque fois je réponds : Nous ne devons pas oublier, non pour entretenir le cercle vicieux de la violence, mais justement pour le briser. Ne pas oublier, relire le passé, en tirer des leçons tant positives qu’amères, saisir le moment présent, déconstruire les préjugés, et se retrouver face à un futur en réconciliation avec le passé, non hanté par ce dernier.
Il est impensable d’essayer de brûler la mémoire… C’est plutôt elle qui nous brûle… Ayant survécu aux années 80 (du 20ème siècle) empreintes de la guerre physique au Liban, j’ai essayé de différer cette mémoire, mais je n’ai pu y échapper. J’ai donc tenté de l’apprivoiser et de la transformer en énergie créatrice. D’autres libanais restent ballottés entre l’amnésie et l’hypermnésie.
Sans la remémoration critique du passé, les atrocités continueront d’être perpétrées… Les esprits resteront prisonniers d’un même langage de vengeance.
« La conscience des peuples, fussent-ils les plus historiques, se forme à coup d’interrogations sur elle-même et pourrait s’établir, mieux qu’en terrain sûr, sur la réduction de ses propres failles » (Salah Stétié).
En d’autres termes, pour pouvoir parler de véritable printemps arabe, pour pouvoir renouveler la gestion socio-politique des diversités en Asie de l’Ouest – Moyen-Orient -, comme l’une des bases d’une reconstruction nationale et comme garantie d’une convivialité sociale à long terme, une des conditions essentielles est de reconsidérer les rapports au passé, de réinterroger l’histoire nationale, de la problématiser, d’identifier les non-dits et de retrouver les ressources inexploitées, au lieu d’en entretenir une vision achevée, basée sur une prétention à incarner un aboutissement, une autosuffisance, un devoir de n’avoir rien à retenir du passé.

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